Veilleur de nuit

Square

Une voix enregistrée dans un hôtel de Lyon entre le crépuscule et l’aube.
Un dialogue. Une insomnie amoureuse.

Il faudrait décrire la nuit. La ville la nuit. La ville dans cette lumière ambrée de lampadaire, dans cet air luisant de lame de couteau qui glisse sous le vêtement, qui fait presser le pas, la ville dans cette odeur d’épluchures de fruits, de ciment frais, d’eau stagnante, dans cette absence de bruits.

La ville étouffe le son lorsque le jour décline. Les ondes rebondissent avec prudence sur les vitrines. Personne ne s’arrête pour regarder les vitrines. Elles sont allumées pour faire comme les Américains. Mais, nous ne sommes pas à New York. Dans cette ville française, la nuit prend l’ascendant sur les humains, elle effraie encore un peu. Organique, fauve, elle court plus vite que nous. Elle rôde, chasse, prend qui elle veut.

Si soudain elle se tait,
se concentre,
salive,
ouvre des yeux jaunes sur pelage noir,

alors nous ne survivrons pas.

Nous nous retirerons. Nous désemplirons la cité, déserterons les rues, nous serons vaincus, terrassés, effacés par le sommeil.

Celui qui ne dort pas veille.

Veilleur de nuit a été mis en page et édité par Papier Charbon en 40 exemplaires, en décembre 2020. Impression en bichromie et reliure singer.

Illustration couverture : Cédric Esturillo

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