Le message du cube était limpide.

Il allait falloir le nourrir, lui donner de la matière. Il allait falloir lui donner des rivières, des plages, des robes en feux, des paysages, des cabanons, des lieux secrets, des refuges, des chiens blancs, toutes sortes d’animaux sauvages, des langages, des sensations, du son et des mots, des récits. Il allait falloir remplir le cube d’une substance, d’une fiction.

Questions : Comment ouvrir l’horizon au maximum ? Comment donner une chance à cet inconscient artificiel de ne pas être une pâle copie mais au contraire une invention ? Où chercher les révélateurs liquides pour alimenter la machine ?

Révélateurs liquides est une pièce que j’ai écrite et performée en dialogue avec la musique de Nicolas Fliti et le travail photographique de Marion Bornaz dans le cadre d’une carte blanche au Rize, le 3 octobre 2020.

« Il n’y a rien à voir de grandiose, d’impressionnant, d’explicite. Et pourtant, il y a cette joie collective de trouver ensemble un monde d’indices laissés par l’animal qui révèle ses habitudes, et sa manière d’habiter. Plus qu’un art de voir, c’est un art d’imaginer. »
Baptiste Morizot, Sur la piste animal
La rencontre avec Marion Bornaz s’est faite au travers de lectures communes et d’une envie de questionner le lien entre texte et photographie. Quel récit peut découler d’une image et de son hors champ ? Comment utiliser la photographie pour produire des récits sans en être l’illustration ? Quelles fictions peut-on tisser entre des enregistrements sonores et des images qui n’ont pas été faits au même moment par les mêmes personnes ? Puis enfin : comment faire entendre ces récits ?

Photographies de la performance : Kenza Latfi