On retient toujours le plus puissant en soi.
On retient le feu.
On ferme.
On n’ouvre jamais grand.
On retient.
On retient
dans le ventre
des choses immenses.
L’inconnu
l’inconnu en soi.
Comment est-ce possible
On rit nerveusement
Moi ?
Non, je ne vois pas.
Il n’y a rien.
On couvre.
On ne s’ouvre pas en deux
jamais.
Je voudrais
m’ouvrir
en deux
dans un grand craquement.
Un bruit d’arbre
qui tombe
un arbre géant
qui s’effondre
parmi les autres
qui passe
du vertical
à l’horizontal
dans un grand craquement.
Les autres : soufflés,
plus rien à dire.
Juste l’arbre
le bruit de l’arbre
l’air solide
déplacé.
L’arbre qui déplace l’air
qui fait un trou
ouvre un parallèle.
Les autres : sidérés
s’arrêtent de penser.
Juste le cri de l’arbre
un trou dans le temps
dans mon existence
un grand tournant.
Texte lu dans l’émission de Mayday Le grand tournant, diffusée sur Radio Canut le 6 novembre 2019